Pierre Fournier – à500m.com
à500m.com s’est appuyé principalement sur les fonds propres pour se financer avec la particularité d’avoir fait entrer dans son capital un fond de corporate venture lui apportant des synergies industrielles.
La fiche d’identité
Activité :
à500m.com propose des outils de digital marketing mobile aux commerçants leur permettant de dynamiser leur communication et augmenter la fréquentation en magasin en quelques clics sur un smartphone.
Parcours des fondateurs :
Pierre Fournier a une formation d’ingénieur. IL est diplômé de l’Ecole Polytechnique. Il a travaillé quelques mois dans un laboratoire de mathématiques appliquées aux US (UPenn) et a passé un an en Espagne en double diplôme. Il a eu une première expérience professionnelle dans le conseil en stratégie chez Bain & cie
Simon Hostelet a une double formation technique (deug MIAGE, informatique) et commerciale (ESC Grenoble). Il a travaillé en stage chez Société Générale dans le marketing avant de se lancer.
Julian De Maestri était encore étudiant au moment de se lancer sur le projet à Télécom Management Ivry. Il travaillait déjà comme Free-Lance sur les problématiques de référencement pour Résonéo.
Dates et données clé :
- fin 2009 : création de la société
- mars 2011 : lancement de la plateforme sur Paris
- février 2013 : levée de fonds de 400 k€ auprès d’un fond corporate venture.
- CA 2113 : confidentiel
- Effectif : 3 personnes
- Région : IDF
Le parcours de financement
DATE |
FINANCEMENT |
MONTANT |
COMMENTAIRE |
Décembre 2009 |
Apport initial |
14k€ |
Apport des associés fondateurs |
janvier 2010 |
Love Money |
90k€ |
Proches (amis, famille) qui ont investi sur le projet |
Juin 2010 |
Pôle Emploi |
NA |
70% du montant des indemnités pour Pierre Fournier |
Novembre 2010 |
Réseau Entreprendre |
30k€+60k€ |
Prêt d’honneur de 15K pour chacun des associés et prêt bancaire de 60K€ |
février 2011 |
CIR |
15k€ |
CIR sur un salarié qui effectuait de la R&D |
févier 2013 |
Levée de fonds |
400k€ |
Levée en deux tranches |
Au total sur une période 3 ans, à500m.com a obtenu :
- 45 k€ d’aides & subventions (en comptabilisant le CIR)
- 60 k€ de financement bancaire
- 400k€ de levée de fonds
L’interview
Frenchfunding : Ce qui frappe dans votre parcours c’est le peu de recours au financement public, était ce un choix délibéré au départ ?
Pierre Fournier : Oui. Aller chercher du financement public est chronophage car il en existe beaucoup. Il faut à chaque fois présenter des dossiers assez complets. Enfin les aides sont souvent destinées à des activités de R&D, nous pensions que notre activité ne constituait pas de la R&D. Nous avions donc décidé de nous concentrer sur le développement de notre produit
FF : En dehors des financements « classiques » avez vous eu recours au bootstrapping (activité de conseil, apport perso en compte courant, autres) ?
PF : En partie. Julian De Maestri qui a continué son activité chez Résonéo en partie, ce qui lui permettait de ne pas se verser de salaire sur à500m.com. En 2012, nous n’avions plus beaucoup de fonds, Simon Hostelet a travaillé chez une autre start-up pour toucher des revenus.
Les aides & subventions
FF : Concernant les aides & subventions vous avez essentiellement eu recours au réseau entreprendre, comment s’est passé le processus et que cela vous à t-il apporté en plus du financement ?
PF : Le processus de sélection est assez contraignant. D’abord un BP à fournir et à défendre auprès d’un chargé d’affaires. Ensuite 6 entretiens avec des chefs d’entreprises. S’ils sont tous d’accord, un grand oral devant à nouveau 6 chefs d’entreprises. Tout ce processus nous a énormément apporté : nous avons été challengés par des profils très différents. Ils nous ammené à nous remettre en question.
FF : Quelles démarches n’ont pas fonctionnées et pourquoi ?
PF : Nous avions essayé de contacter Oséo. Nous avions eu un rendez-vous avec un chargé d’affaires dont nous n’avons plus jamais eu de nouvelles. Le process était très opaque, on nous demandait de faire des docs mais sans savoir ce qui allait suivre et les chances de succès. Avec le recul, je recommanderai vivement de faire appel à des cabinets spécialisés sur ces démarches : ils savent ce qu’il faut faire et peuvent faire gagner un temps précieux.
Les banques
FF : Quel prêt avez-vous obtenu et avec quelle garantie personnelle ?
PF : Nous avons obtenu un prêt d’honneur à titre personnel ainsi qu’un prêt bancaire avec une caution Oséo. Nous sommes caution à hauteur de 20% sur le prêt bancaire. Nous n’aurions jamais pu avoir ces financements sans l’aide du Réseau Entreprendre.
FF : Avez vous sollicité d’autres banques ?
PF : Nous ne sommes même pas allés les voir, nous savons qu’elles auraient refusées, ce n’est pas leur métier de financer l’amorçage.
La levée de fonds
FF : Au moment de fonder l’entreprise, avez-vous cherché à constituer un capital de départ en intégrant des proches et comment cela s’est-il passé ?
PF : Oui, nous nous sommes tournés vers la famille et les amis (Love Money). Nous avons présenté un power point car rien n’existait. Tout était basé sur la confiance qu’ils avaient en nous !
FF : A quel moment avez vous réalisé votre levée ?
PF: Notre avons entamé les démarches 9 mois avant d’arriver au bout des fonds levés avec la Love Money
FF : Quels investisseurs sollicités ?
PF: Nous avons principalement des fonds capables de faire de l’amorçage. Partech notamment par qui nous avons connu indirectement notre futur investisseur.
FF : Ce qui a convaincu les investisseurs ?
PF: Notre investisseur était vraiment intéressé par le projet et l’équipe. Il y a avait beaucoup de synergies avec leurs propres activités. Nous pouvions aussi constituer une porte d’entrée sur le digital pour eux.
FF : Comment s’est passé la négo, quels ont été les points durs ?
PF: La négo s’est plutôt bien passée. Les conditions étaient assez dures mais nous faisions peu de chiffre d’affaires donc peu de pouvoir de négociation.
FF : Pourquoi avoir choisi cet investisseur ?
PF : Dès que nous avons senti que notre futur investisseur était intéressé, nous avons arrêté nos recherches, nous le voulions car il s’agissait d’un industriel avec de fortes synergies pour notre activité.
FF : Comment avez vous eu la garanti que cet industriel avait des interets alignés sur les votres (création de valeur et maximisation de la valeur de sortie sans droit de préemption dissuasif pour un potentiel tiers acquéreur) ?
PF : En fait il s’agit réellement d’un fond qui agit comme un financier sans droit de préemption dissuasif. Nous avons donc nos intérêts alignés aujourd’hui et demain.
FF : Quelles relations aujourd’hui avec les investisseurs ?
PF: Nous avons une relation très productive avec notre investisseur. Ils nous a poussé à réaliser un pivot cet été. Nous sentions la nécessité d’un repositionnement mais sans lui nous aurions trop attendu. Il nous conseille dans notre repositionnement de manière régulière. Il nous challenge énormément, toujours à raison, fort de sa propre expérience entrepreneuriale.
FF : En cas de levées successives, les investisseurs historiques ont –ils posés des pb ou des conditions pour que la nouvelle levée se réalise ?
PF: Oui (droit préférentiel, possibilité de refuser)
Aides de l’ecosystème
FF : Avez-vous participé à des concours ou forum ?
PF: Nous avons participé à un concours au tout début. Cela nous a aidé à finaliser notre business plan et à valider notre concept. Nous avons aussi rencontré un de nos associés qui avait un projet concurrent ! Après, nous n’avons pas fait beaucoup d’autres concours, c’est souvent chronophage… Nous avons préféré nous concentrer sur le produit
FF : Avez-vous été accompagné dans vos démarches ?
PF : Nous avons été suivi par la CCIP au tout début, puis le réseau entreprendre. Lors de la levée, nous avions pris un avocat spécialisé dans les levées de fonds. Enfin nous échangeons beaucoup avec d’autres start-uppers et notre réseau.
FF : Quel a été l’apport majeur de vos accompagnateurs ?
PF: Nous faire prendre du recul, remettre en cause nos choix.
L’avenir
FF : Quels sont vos projets en matière de financement ?
PF: Aucun pour l’instant
FF : Ou en est le développement de votre entreprise ?
PF: Nous souhaitons valider notre pivot !
Conclusions
FF : Quels ont été les facteurs de succès de votre parcours de financement ?
PF : Pour notre première levée de fonds, le facteur de succès est clairement le réseau. Il faut que vous ayez des gens autour de vous qui vous fassent confiance et qui puisse supporter le risque d’une perte financière car le projet était très embryonnaire. Pour le réseau entreprendre, l’équipe a été assez déterminante ainsi que le sérieux de notre projet (dans les supports, le site, le bp…).
Pour la levée de fonds, la synergie industrielle a permis de créer le contact. Ensuite, je pense que le potentiel de l’équipe a suscité l’intérêt de l’investisseur, plus que les résultats de l’époque.
FF : Qu’avez-vous bien réussi ?
PF: à convaincre un industriel leader mondial dans son secteur
FF : Quel erreurs avez vous faites ?
PF : Je trouve que nous avons perdu beaucoup de temps. J’imagine que cela est un passage obligé pour les néo-entrepreneurs. Même en le sachant, je trouve les délais très longs (par exemple la levée de fonds alors que les deux parties étaient d’accord). Ne pas avoir lever assez la première fois.
FF : Quelle a été la part de votre temps consacré à la recherche de financement ?
PF : je dirais 15% de mon temps
FF : Quelles sont les qualités pour réussir son parcours de financement ?
PF: Etre clair pour présenter son projet, être convaincant. Se différencier de tous ses concurrents et dans le cas d’un industriel, montrer ce qu’on peut lui apporter
FF : Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur pour son parcours de financement ?
PF: Je lui dirai de fonctionner par étape. Etape 1, valider un concept en levant 200K auprès de BAs ou d’investisseurs privés / love money pour ne pas trop se diluer et une fois qu’on a la traction aller voir des fonds.