Levées de fonds mai 2015

La SSII à la française enfin disruptée ? 3 C2C verticaux et 3 jeux de mots

Alors je vous avoue que j’attends avec impatience depuis de nombreuses années que le business de la SSII en régie à la française viennent se faire bousculer par le web (même si freelance.com depuis 2000 à fait un tout petit peu bouger les choses). Ce marché pèse plusieurs milliard d’euros et a fait la fortune de nombreux entrepreneurs, mais les fondamentaux de ce secteur sont très spécifiques à la structure du marché de l’emploi français qui désormais est en pleine mutation. Les entreprises ont peur de recruter en CDI car elles veulent de la flexibilité, les ingénieurs veulent un CDI, donc une SSII se positionne au milieu et gère le staffing, prend 40% de marge et limite au maximum les inter-contrats. Désormais le recrutement devient plus flexible, le statut de freelance ne fait plus peur et il est temps de disrupter le modèle avec une market place full web. Bravo a Hopwork qui semble donc profiter de ce mega trend en ayant choisi avec pertinence le mode régie plutôt que le mode projet (progonline, codeur), beaucoup plus compliqué finalement pour capter une masse critique de donneurs d’ordre de qualité, clé de la montée en puissance de la market place.

Le C2C continue de booster à coup de market place plus ou moins « niche », comme SamboatBoaterfly et  Clevermate. Il est clair que ce modèle va se répliquer sur tous les verticaux, mais la on en est à 3 marketplace sur les bateaux de location, la niche risque de devenir assez étroite…

Dans notre liste des levées du mois, j’ai noté au moins 3 noms de société en forme de jeux de mot, est ce une bonne idée dans le B2C ? il faudrait faire une petite étude de corrélation entre les sociétés avec un nom à jeux de mots et leur taux de succès. Mais sans aller jusque la on peut tout de même s’amuser à se prononcer subjectivement sur la qualité du jeu de mot.  On est d’accord Back Market, pas mal, mais que penser de Boaterfly et surtout de Samboat, sur lequel je n’ai percuté qu’au bout de 5 minutes ? Bien tiré par les cheveux quand même.

Le Tableau

Nous avons ce mois, 28 deals (voir le scope de l’étude plus bas) pour un montant total de près de 33,6 M€. Le ticket moyen est dans la moyenne : 1,2 M€ (1,2 M€ correspond à la moyenne observée dans ces études sur les 7 derniers mois 2014). 

Les sources sont là : Sublime skinz, Digitaleo, le slip français, A-Volute, Itrust, Serious factory, Hopwork, Izberg Marketplace, Biosims, B Mobile, Logmatic, Adipsys, Music Story, Wedoogift, Uplike, Back Market, Multix, Gridbee Communication, Helioclim, Pydio, Boaterfly, Jam, Tech4team, Samboat, Pretty Fun Therapy, Amogado, Airdoc solution, Clevermate.

Les charts

On retrouve une distribution plus classique avec essentiellement les BA et les fonds. Les fonds sont toujours largement présents comme depuis le début de l’année.  Le tickets moyen des BA est en baisse par rapport à la moyenne 2014 (établie sur les 7 derniers mois 2014) 0,28 en mai 2015 vs 0,68 en moyenne 2014, et Fonds+BA en baisse aussi 1,26 vs 1,4 et en hausse pour les fonds : 2,24 vs 1,57.

La répartition Amorçage, Risque, Risque-Dev est de 42%, 35%, 23%, on est au dessus de la moyenne en amorçage et un peu en dessous en risque. Dans l’amorçage, les BA sont impliqués dans 91% (comme en avril) des deals au dessus de la moyenne 2014 (69%).

Le B2B est en hausse à 71% et la sharing economy se maintient bien de mois en mois avec 10% des deals.. Le soft et les services web reviennent dans la moyenne à  60%. Le E-commerce confirme son retour de mars et d’avril après 2 mois d’absence en janvier et février 2015.

Podium des investisseurs actifs

 

ISAI fait un très beau mois pour inaugurer son nouveau fonds avec 3 deals. Paca Investissement, le co investisseur du sud est encore très actif, notamment avec ACG Management (ex Viveris) son comparse de marseille. Et nous avons encore un fonds non parisien sur le podium, Nestadio dans lequel rêvent de travailler tous les surfers et kite surfers car à deux pas du fameux spot Kerhilio / Penthièvre. Côté BA, bravo à Investessor encore une fois, à L’Ange Basile (le club BA de science po) et à Femme Business Angel, dont le nom et le concept ne cesseront jamais de m’interpeller je pense.

Scope de l’étude

Analyse subjective des levées de fonds technos et web annoncées en mars 2015. Nous ne sommes pas exhaustifs volontairement : on ne prend en compte que les levées supérieures à 100k€ communiquées dans les média, je n’intègre pas les biotech pures (mais les med-tech si), les levées cap-dev (CA>3M€) et les levées très loin de la techno. Nous nous intéressons quasi exclusivement aux startups françaises. Les levées sont triées par stade d’avancement de la start-up selon la typologie suivante :

  • Amorçage : produit en phase de développement, jusqu’au début de sa commercialisation – Lettre A dans le tableau
  • Capital risque : début de commercialisation jusqu’à 1 M€ de CA environ – Lettre R dans le tableau
  • Capital risque-développement : CA compris entre 1 et 3 M€ – Lettres R-D dans le tableau

Levée de fonds startup avril 2015

La vague collaborative déferle sauf dans le sud-ouest, autosatisfaction et effet Pasqua dans les startups ?

En avril, les dépressions de printemps apportent du gros swell sur les côtes, c’est connu. On a donc 5 beaux deals dans l’économie collaborative, 15% des levées du mois. Mais chose étonnante, le sud ouest est épargné avec une levée de fonds à rebours de la tendance désintermédiante dans la location de vacances. Il s’agit de Poplidays qui ne peut renier ses origines avec la présence dans le tour de table de fonds régionaux revendiqués.

On notera également la superbe levée de fonds de GuestToGuest, 4 M€ avec la MAIF qui poursuit donc un parcours d’exceptions en matière de financement startup. Avec ses précédents tours de tables essentiellement composés de BA, G2G se sera donc financée indépendamment des VC’s classiques en faisant rentrer un industriel en affinité avec son modèle économique. Etonnant donc que les fonds soient passés à côté de cette pépite avec une traction mondiale avérée et un modèle disruptif ambitieux.

Il me faut parler un instant de Stootie, toujours dans le C2C, qui révolutionne les petites annonces grâce à un modèle 100% mobile et social et qui me donne surtout l’occasion d’un moment d’autosatisfaction. Soyons fous et persévérons dans la vanité quitte à faire une digression anachronique : Vodeclic (dont la levée de fonds à eu lieu en juin 2012) vient d’être cédée ce mois à Skillsoft avec un très joli multiple à la clé (j’imagine) en moins de 3 ans pour son investisseur Starquest Capital.

Je terminerai en saluant le nouveau fonds frenchtech dont l’objet est de financer les accélérateurs de startups avec son premier investissement :  Axeleo. Ce fonds est notamment alimenté par la caisse des dépôt qui agit ici comme un fonds de fonds vis à vis du fonds frenchtech qui lui même devient un fonds de fonds en investissant dans des accélérateurs qui peuvent eux mêmes se comporter comme des fonds en investissant dans les startups. Je ne sais pas si vous suivez mais nous sommes donc en présence d’un fonds de fonds de fonds. Un peu à la manière de ce que pouvait recommander Charles Pasqua lorsque la politique était éclaboussée par une affaire, il fallait selon lui donner à la presse une autre affaire dans l’affaire puis une affaire dans l’affaire de l’affaire de sorte qu’à la fin on ne comprenne plus rien, un des très beaux exemples étant Clearstream. Mais la différence ici c’est que  je ne comprends pas bien ce qu’il y aurait à cacher. Peut-être qu’il y a de l’argent public investi dans les startups françaises et qu’on a pas envie que Bruxelles vienne nous faire la leçon ?

Le Tableau

Nous avons ce mois, 33 deals pour un montant total de près de 39 M€. Le ticket moyen est dans la moyenne : 1,18 M€ (1,2 M€ correspond à la moyenne observée dans ces études sur les 7 derniers mois 2014).

Les sources sont là : Drivy, Poplidays, Biboard, Cavissima, Easy Cartouche, GuestToGuest, Axeleo, Redbird, MisterBnB, StarOfService, AnimalBox, V Motech, Evercontact, RendezvousCheznous, R&Drone, Affinity Engine, Hellocasa, Oreka Solutions, Gaiddon Software, Jogg.in, CrossTalent, SevenHugs, Stootie, Freemo, Study Quizz, Swapcard, BrocanteLab, Radiooooo, Pleek, Vivaling, Tagawine, Demooz, Bubblz.

Les charts

Le crowdfunding se porte bien en avril  avec 3 deals et on retrouve une distribution variée en matière de combinaison d’investisseurs. Les fonds sont toujours largement présents comme depuis le début de l’année.  Les tickets moyens sont dans la moyenne 2014 (établie sur les 7 derniers mois 2014) pour les BA 0,41 en avril 2015 vs 0,68 en moyenne 2014, et Fonds+BA 1,28 vs 1,4 et en hausse pour les fonds : 1,95 vs 1,57.

La répartition Amorçage, Risque, Risque-Dev est de 36%, 51%, 12%, on est dans la moyenne 2014. Dans l’amorçage, les BA sont impliqués dans 91% des deals au dessus de la moyenne 2014 (69%).

Le B2B est baisse à 30% et la sharing economy est présente à 15% des deals.. Le soft et les services web reviennent dans la moyenne à  60%. Le E-commerce confirme son retour de mars après 2 mois d’absence en janvier et février 2015.

Podium des investisseurs actifs

 

Nous avons un beau podium avec 1 fonds très actif Cap Décisif, un réseau de BA qui se distingue encore Investessor et une plateforme de Crowd dont la légitimité historique se confirme.

Scope de l’étude

Analyse subjective des levées de fonds technos et web annoncées en mars 2015. Nous ne sommes pas exhaustifs volontairement : on ne prend en compte que les levées supérieures à 100k€ communiquées dans les média, je n’intègre pas les biotech pures (mais les med-tech si), les levées cap-dev (CA>3M€) et les levées très loin de la techno. Nous nous intéressons quasi exclusivement aux startups françaises. Les levées sont triées par stade d’avancement de la start-up selon la typologie suivante :

  • Amorçage : produit en phase de développement, jusqu’au début de sa commercialisation – Lettre A dans le tableau
  • Capital risque : début de commercialisation jusqu’à 1 M€ de CA environ – Lettre R dans le tableau
  • Capital risque-développement : CA compris entre 1 et 3 M€ – Lettres R-D dans le tableau

levées de fonds startups février 2015

Voici l’analyse subjective des levées de fonds technos et web annoncées en février 2015 avec un peu de retard, la procrastination comme la grippe attaque en hiver il parait. On ne prend en compte que les levées supérieures à 100k€ communiquées dans les média. Je n’intègre pas les biotech pures (mais les med-tech si), les levées cap-dev et les levées très loin de la techno. Nous nous intéressons quasi exclusivement aux startups françaises. Les levées sont triées par stade d’avancement de la start-up selon la typologie suivante :

  • Amorçage : produit en phase de développement, jusqu’au début de sa commercialisation – Lettre A dans le tableau
  • Capital risque : début de commercialisation jusqu’à 1 M€ de CA environ – Lettre R dans le tableau
  • Capital risque-développement : CA compris entre 1 et 3 M€ – Lettres R-D dans le tableau

Le Tableau

Nous avons ce mois, 32 deals pour un montant total de près de 37,2 M€. Le ticket moyen est classique : 1,16 M€ (1,2 M€ correspond à la moyenne observée dans ces études sur les 7 derniers mois 2014).

Les sources sont là : Pricematch, Huso, Voitures noires, Kayentis, Optiflows, Avenisense, Lucky Cart, Ogury, Ledger, Eyebrain, Mobeye, AdotMob, Dayuse, Simpulse, EMD, Fizians, Mooltibox, Jelouemoncampingcar, Greenkub, Testamento.fr, Linksoft, Eco Presto, My Band Market, Climasecure, Resto Flash, Centimeo, Nautal, Karos, Olnica, Yuflow, Olikrom, Defacto.

Les levées de fonds partent en freestyle mais les assureurs assurent, le corporate venture aussi et la morale est sauve…

Petite digression rafraichissante, je ne sais pas si vous avez constaté l’évolution du niveau de pratique en 10 ans dans le snow, le ski, le kite, le wind, c’est juste sur-naturel les tricks que nos riders arrivent à faire avec des combos d’une autre planète. Et bien on dirait qu’en quelques mois il se produit le même phénomène dans les levées de fonds avec des combinaisons improbables d’investisseurs, Optiflows nous fait un triple cork avec BA+Fonds+Industriel, Huso une belle session de tube et kick flip en kite strapless avec son combo magique, fonds régional+fonds de Dubai+Crowfunding et enfin Eyebrain qui envoie le gros bois, un grind sur les cables de téléphérique en speedriding avec sa levée bien radicale de quasi amorçage en medtech avec Crowd+Fonds (attention Antoine s’est tué peu après, en base jump il est vrai, mais bon…).

Chose étonnante, tant de témérité n’effraie pas nos assureurs puisqu’ils se mettent plus que jamais dans l’investissement startup. A ce sujet il faut saluer la création d’un nouveau fonds d’Axa de 200M€ . Et nous avons ce mois donc encore deux deals d’assureurs Centimeo avec Aviva et Climasecure avec Axa Seed justement. Le corporate venture, le vrai celui ou la gestion des fonds est assuré par des équipes internes, se montre encore avec Total, Air Liquid et Edenred pour Avenisense et Lucky Cart.

Alors on se pose rarement la question de la morale en business et on a raison, car c’est compliqué. Et bien en ce mois de février moi je me la pose (pour rire un peu bien sûr). Il est vrai que de nombreux fonds ont une éthique et n’investiront jamais dans le porno par exemple mais investir dans le booking de l’infidélité à priori ça passe (Dayuse),  et bien je dis tant mieux. D’autant que cette petite égratignure à la bien pensance est largement compensée par un fait de quasi rédemption pour un quasi people spécialiste de la trash tv réalité depuis 15 ans qui investit dans une startup tout ce qu’il y a de plus respectable My Band Market. Je veux parler bien sûr d’Alexia Laroche Joubert qu’il ne faut pas juger avec trop de sévérité d’ailleurs car avant aujourd’hui elle n’avait pas fait que des conneries… elle en avait aussi produites (clin d’oeil à Desproges au sujet de Duras). Donc ce mois-ci la  morale est sauve, en moyenne en tout cas. On respire.

Les charts

Le nombre d’opérations impliquant les fonds est deux fois supérieur à celui impliquant les BA. La tendance se confirme donc après janvier. Les fonds reprennent leur place en 2015. Les tickets moyens sont dans la moyenne 2014 (établie sur les 7 derniers mois 2014) : BA 0,57 en février 2015 vs 0,68 en moyenne 2014, Fonds : 1,5 vs 1,57 et Fonds+BA 1,14 vs 1,4. Le crowdfunding continue sa percée avec 4 deals.

La répartition Amorçage, Risque, Risque-Dev est de 28%, 56%, 15%, on est un peu en dessous de la moyenne pour l’amorçage par rapport aux 7 derniers mois 2014 : 39%, 48%, 13%. On note que les BA sont moins présents que d’habitude dans l’amorçage à 44% vs moyenne de 2014 (69%) et mécaniquement les fonds plus présents.

Le B2B est hausse à 70% et la sharing economy se maintient. Le soft et les services web sont en recul avec 45% contre 60% en moyenne. Le E-commerce est encore totalement absent ce mois alors qu’il était bien présent tout au long de 2014.

Podium des investisseurs actifs

 

Starquest est très actif, bravo. Anaxago fonctionne vraiment bien en ce début d’année,  en passe d’écraser la concurrence ?. Cap Décisif toujours présent également et Scientipole spécialiste des petits deals early stage point le bout du nez.

Pierre Fournier – à500m.com

à500m.com s’est appuyé principalement sur les fonds propres pour se financer avec la particularité d’avoir fait entrer dans son capital un fond de corporate venture lui apportant des synergies industrielles. 

La fiche d’identité

Activité :

à500m.com propose des outils de digital marketing mobile aux commerçants leur permettant de dynamiser leur communication et augmenter la fréquentation en magasin en quelques clics sur un smartphone.

Parcours des fondateurs :

Pierre Fournier a une formation d’ingénieur. IL est diplômé de l’Ecole Polytechnique. Il a travaillé quelques mois dans un laboratoire de mathématiques appliquées aux US (UPenn) et a passé un an en Espagne en double diplôme. Il a eu une première expérience professionnelle dans le conseil en stratégie chez Bain & cie

Simon Hostelet a une double formation technique (deug MIAGE, informatique) et commerciale (ESC Grenoble). Il a travaillé en stage chez Société Générale dans le marketing avant de se lancer.

Julian De Maestri était encore étudiant au moment de se lancer sur le projet à Télécom Management Ivry. Il travaillait déjà comme Free-Lance sur les problématiques de référencement pour Résonéo.

Dates et données clé :

  • fin 2009 : création de la société
  • mars 2011 : lancement de la plateforme sur Paris
  • février  2013 : levée de fonds de 400 k€ auprès d’un fond corporate venture.

 

  • CA 2113 : confidentiel
  • Effectif : 3 personnes
  • Région : IDF

Le parcours de financement

 

DATE

FINANCEMENT

MONTANT

COMMENTAIRE

Décembre 2009

Apport initial

14k€

Apport des associés fondateurs

janvier 2010

Love Money

90k€

Proches (amis, famille) qui ont investi sur le projet

Juin 2010

Pôle Emploi

NA

70% du montant des indemnités pour Pierre Fournier

Novembre

2010

Réseau Entreprendre

30k€+60k€

Prêt d’honneur de 15K pour chacun des associés et prêt bancaire de 60K€

février 2011

CIR

15k€

CIR sur un salarié qui effectuait de la R&D

févier 2013

Levée de fonds

400k€

Levée en deux tranches

Au total sur une période 3 ans, à500m.com a obtenu :

  • 45 k€ d’aides & subventions (en comptabilisant le CIR)
  • 60 k€ de financement bancaire
  • 400k€ de levée de fonds

L’interview

Frenchfunding : Ce qui frappe dans votre parcours c’est le peu de recours au financement public, était ce un choix délibéré au départ ?

Pierre Fournier : Oui. Aller chercher du financement public est chronophage car il en existe beaucoup. Il faut à chaque fois présenter des dossiers assez complets. Enfin les aides sont souvent destinées à des activités de R&D, nous pensions que notre activité ne constituait pas de la R&D. Nous avions donc décidé de nous concentrer sur le développement de notre produit

FF : En dehors des financements « classiques » avez vous eu recours au bootstrapping (activité de conseil, apport perso en compte courant, autres) ?

PF :  En partie. Julian De Maestri qui a continué son activité chez Résonéo en partie, ce qui lui permettait de ne pas se verser de salaire sur à500m.com. En 2012, nous n’avions plus beaucoup de fonds, Simon Hostelet a travaillé chez une autre start-up pour toucher des revenus.

Les aides & subventions

FF : Concernant les aides & subventions vous avez essentiellement eu recours au réseau entreprendre, comment s’est passé le processus et que cela vous à t-il apporté en plus du financement ?

PF : Le processus de sélection est assez contraignant. D’abord un BP à fournir et à défendre auprès d’un chargé d’affaires. Ensuite 6 entretiens avec des chefs d’entreprises. S’ils sont tous d’accord, un grand oral devant à nouveau 6 chefs d’entreprises. Tout ce processus nous a énormément apporté : nous avons été challengés par des profils très différents. Ils nous ammené à nous remettre en question.

FF : Quelles démarches n’ont pas fonctionnées et pourquoi ?

PF : Nous avions essayé de contacter Oséo. Nous avions eu un rendez-vous avec un chargé d’affaires dont nous n’avons plus jamais eu de nouvelles. Le process était très opaque, on nous demandait de faire des docs mais sans savoir ce qui allait suivre et les chances de succès. Avec le recul, je recommanderai vivement de faire appel à des cabinets spécialisés sur ces démarches : ils savent ce qu’il faut faire et peuvent faire gagner un temps précieux.

Les banques

FF : Quel prêt avez-vous obtenu et avec quelle garantie personnelle ?

PF : Nous avons obtenu un prêt d’honneur à titre personnel ainsi qu’un prêt bancaire avec une caution Oséo. Nous sommes caution à hauteur de 20% sur le prêt bancaire. Nous n’aurions jamais pu avoir ces financements sans l’aide du Réseau Entreprendre.

FF : Avez vous sollicité d’autres banques ?

PF : Nous ne sommes même pas allés les voir, nous savons qu’elles auraient refusées, ce n’est pas leur métier de financer l’amorçage.

La levée de fonds

 FF : Au moment de fonder l’entreprise, avez-vous cherché à constituer un capital de départ en intégrant des proches et comment cela s’est-il passé ?

PF : Oui, nous nous sommes tournés vers la famille et les amis (Love Money). Nous avons présenté un power point car rien n’existait. Tout était basé sur la confiance qu’ils avaient en nous !

FF : A quel moment avez vous réalisé votre levée ?

PF: Notre avons entamé les démarches 9 mois  avant d’arriver au bout des fonds levés avec la Love Money

FF : Quels investisseurs sollicités ?

PF: Nous avons principalement des fonds capables de faire de l’amorçage. Partech notamment par qui nous avons connu indirectement notre futur investisseur.

FF : Ce qui a convaincu les investisseurs ?

PF: Notre investisseur était vraiment intéressé par le projet et l’équipe. Il y a avait beaucoup de synergies avec leurs propres activités. Nous pouvions aussi constituer une porte d’entrée sur le digital pour eux.

FF : Comment s’est passé la négo, quels ont été les points durs ?

PF: La négo s’est plutôt bien passée. Les conditions étaient assez dures mais nous faisions peu de chiffre d’affaires donc peu de pouvoir de négociation.

FF : Pourquoi avoir choisi cet investisseur ?

PF : Dès que nous avons senti que notre futur investisseur était intéressé, nous avons arrêté nos recherches, nous le voulions car il s’agissait d’un industriel avec de fortes synergies pour notre activité.

FF : Comment avez vous eu la garanti que cet industriel avait des interets alignés sur les votres (création de valeur et maximisation de la valeur de sortie sans droit de préemption dissuasif pour un potentiel tiers acquéreur) ?

PF : En fait il s’agit réellement d’un fond qui agit comme un financier sans droit de préemption dissuasif. Nous avons donc nos intérêts alignés aujourd’hui et demain.

FF : Quelles relations aujourd’hui avec les investisseurs ? 

PF: Nous avons une relation très productive avec notre investisseur. Ils nous a poussé à réaliser un pivot cet été. Nous sentions la nécessité d’un repositionnement mais sans lui nous aurions trop attendu. Il nous conseille dans notre repositionnement de manière régulière. Il nous challenge énormément, toujours à raison, fort de sa propre expérience entrepreneuriale.

FF : En cas de levées successives, les investisseurs historiques ont –ils posés des pb ou des conditions pour que la nouvelle levée se réalise ?

PF: Oui (droit préférentiel, possibilité de refuser)

Aides de l’ecosystème

FF : Avez-vous participé à des concours ou forum ?

PF:  Nous avons participé à un concours au tout début. Cela nous a aidé à finaliser notre business plan et à valider notre concept. Nous avons aussi rencontré un de nos associés qui avait un projet concurrent ! Après, nous n’avons pas fait beaucoup d’autres concours, c’est souvent chronophage… Nous avons préféré nous concentrer sur le produit

FF : Avez-vous été accompagné dans vos démarches ?

PF : Nous avons été suivi par la CCIP au tout début, puis le réseau entreprendre. Lors de la levée, nous avions pris un avocat spécialisé dans les levées de fonds. Enfin nous échangeons beaucoup avec d’autres start-uppers et notre réseau.

FF : Quel a été l’apport majeur de vos accompagnateurs ?

PF: Nous faire prendre du recul, remettre en cause nos choix.

L’avenir

FF : Quels sont vos projets en matière de financement ?

PF: Aucun pour l’instant

FF : Ou en est le développement de votre entreprise ?

PF:  Nous souhaitons valider notre pivot !

Conclusions

FF : Quels ont été les facteurs de succès de votre parcours de financement ?

PF :  Pour notre première levée de fonds, le facteur de succès est clairement le réseau. Il faut que vous ayez des gens autour de vous qui vous fassent confiance et qui puisse supporter le risque d’une perte financière car le projet était très embryonnaire. Pour le réseau entreprendre, l’équipe a été assez déterminante ainsi que le sérieux de notre projet (dans les supports, le site, le bp…).

Pour la levée de fonds, la synergie industrielle a permis de créer le contact. Ensuite, je pense que le potentiel de l’équipe a suscité l’intérêt de l’investisseur, plus que les résultats de l’époque.

FF : Qu’avez-vous bien réussi ?

PF: à convaincre un industriel leader mondial dans son secteur

FF : Quel erreurs avez vous faites ?

PF : Je trouve que nous avons perdu beaucoup de temps. J’imagine que cela est un passage obligé pour les néo-entrepreneurs. Même en le sachant, je trouve les délais très longs (par exemple la levée de fonds alors que les deux parties étaient d’accord). Ne pas avoir lever assez la première fois.

FF : Quelle a été la part de votre temps consacré à la recherche de financement ?

PF :  je dirais 15% de mon temps

FF : Quelles sont les qualités pour réussir son parcours de financement ?

PF: Etre clair pour présenter son projet, être convaincant. Se différencier de tous ses concurrents et dans le cas d’un industriel, montrer ce qu’on peut lui apporter

FF : Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur pour son parcours de financement ?

PF:  Je lui dirai de fonctionner par étape. Etape 1, valider un concept en levant 200K auprès de BAs ou d’investisseurs privés / love money pour ne pas trop se diluer et une fois qu’on a la traction aller voir des fonds.

Florence Hallouin – Hamac Génération Plume

Génération Plume a réussi un parcours de financement remarquable lui permettant de faire des développements importants en matière de R&D et de lui laisser le temps de trouver les bons canaux de distribution B2C souvent difficilement accessibles pour une startup.

La fiche d’identité

Activité :

La société Génération Plume conçoit, fait fabriquer et commercialise des produits éco-innovants pour les bébés sous la marque Hamac. En 2014, la société va lancer une gamme dédiée à l’incontinence. Son objectif : la réduction des déchets et le bien-être de ses utilisateurs.

Parcours des fondateurs :

Florence Hallouin, 41 ans, fondatrice, Présidente
Designer industriel (ENSCI – Les Ateliers, Paris) /Challenge Plus – HEC 2009, a été Product Manager Puériculture France & Benelux au sein de The Walt Disney Cie.

Clémence Ossent, 27 ans, associée, Gestion / Marketing opérationnel
HEC, majeure Entrepreneurs. Expérience en stratégie chez Casino et en développement durable et communication chez Auchan. A collaboré auprès de la fondatrice d’un site d’e-commerce de cosmétiques biologiques.

Dates et données clé :

  • Décembre  2009: création de la société
  • Avril 2010 : 1ere levée de fond
  • Juin 2010 : Lancement de la gamme dédiée aux bébés + Lauréat du Ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur
  • Juin 2011 : 2ème tour de table+ Labellisation Origine France Garantie
  • Juin 2012 : 3ème tour de table + Couverture du magazine Challenges + Participation au G20 des Entrepreneurs à Mexico
  • Printemps 2014 : Lancement de la gamme dédiée à l’incontinence
  • CA 2013 : confidentiel
  • Effectif : 6 personnes
  • Région : IDF

Le parcours de financement

 

DATE

FINANCEMENT

MONTANT

COMMENTAIRE

décembre 2009

Pôle emploi

nc

Allocations chômeurs ACCRE perçues pendant 18 mois par le porteur du projet

juin 2009

Subvention Oséo Emergence

40 k€

Lauréat du Ministère de la Recherche en 2009. Subvention dédiée à la maturation du projet.

2009

Prêt d’honneur Incubateur

25 k€

Accordé par l’incubateur Agoranov au porteur du projet

décembre 2009

Apport initial

1 k€

Création de la société

février 2010

Prêt d’honneur Scientipôle

20 k€

Prêt d’honneur accordé à Florence Hallouin

juin 2010

Levée de fonds

NC

Première levée de fonds réalisée auprès de Business Angels français et étrangers

juin 2010

Subvention Oséo Création développement

128 k€

Lauréat du Ministère de la Recherche en 2010. Subvention dédiée au développement.

juin 2010

PIA

41 k€

Mention spéciale du jury des Grand Prix de l’innovation de Paris. Puis obtention d’une avance remboursable   accordée par le Paris Région Lab : (Mairie de Paris et Oséo)

nov 2010

Réseau entreprendre Paris

15 k€

Prêt d’honneur accordé à Florence Hallouin

juin 2011

Levée de fonds

NC

Deuxième levée de fonds réalisée auprès de Business Angels français et étrangers

juin 2011 et mai 2012

banques

210 k€

Prêt de la  Bred + Prêt de la NEF

juillet 2012

Levée de fonds

600 k€

Troisième levée de fonds réalisée auprès de Business Angels français et des investisseurs historiques

décembre 2012

Coface

100 k€

Avance remboursable pour l’export. (programme sur 3 ans)

2013

Pm’UP

110 k€

Subvention de la région Ile de France

 

Au total sur une période 4 ans, Génération Plume a obtenu :

  • 480 k€ d’aides & subventions (hors CIR et JEI)
  • 210 k€ de financement bancaire
  • Plus de 600 k€ d’apport en fonds propres

L’interview

Frenchfunding : Ce qui frappe dans votre parcours c’est l’expertise avec laquelle vous avez actionné la quasi exhaustivité des dispositifs possibles, aviez vous une vision claire au départ sur ce parcours et cela n’a-t-il pas été trop consommateur de temps ?

Florence Hallouin : Au départ je n’avais pas connaissance des différents modes de financement. Cela s’est fait via la formation Challenges Plus d’HEC,  les formations au sein de l’incubateur Agoranov ,  puis au fur et à mesure des rencontres et du stade de maturation de l’entreprise. Oui, c’est à la fois consommateur de temps et bénéfique car cela a porté ses fruits. En même temps, cela  nous permet à chaque fois de bien travailler nos prévisionnels, nos plans d’action, et de nous structurer pas à pas.

 

Les aides & subvention

FF : Concernant les aides & subventions vous avez notamment eu recours à différents prêts d’honneur. Comment s’est passé le processus et que cela vous à t-il apporté en plus du financement ?

FH : Le processus de sélection est complet (entretiens avec les chargés d’affaire + experts techniques et marketing/commerciaux) et assez long. La sélection apporte un vrai gage de qualité auprès des organismes financiers et futurs investisseurs. Cela nous a également apporté un accompagnement dans la durée et l‘ouverture à des réseaux très intéressants pour notre activité.

FF : Pour chaque aide obtenue, quels ont été facteurs de succès ?

FH : Nous ne savons pas quels ont été les critères de sélection finaux, mais les caractères intrinsèques d’innovation et de durabilité (brevets, fabrication française, réduction des impacts environnementaux…) de notre activité ont dû participer au bon accueil des dossiers. Et à chaque fois nous avons pris beaucoup de temps pour préparer un dossier le plus complet possible.

 

Les banques

FF : Quel prêt avez-vous obtenu et avec quelle garantie personnelle ?

FH : Nous avons obtenu un prêt de la Bred pour un montant de 80k€ (effet de levier fait avec le prêt d’honneur accordé par le Réseau Entreprendre Paris)  et un prêt de la Nef  (notre banque initiale) pour un montant de 130k€. Dans les 2 cas : Garantie personnelle 30%, Garantie Oséo et la région 70¨%

 

Les levées de fonds

 FF : Au moment de fonder l’entreprise, avez-vous cherché à constituer un capital de départ en intégrant des proches et comment cela s’est-il passé ?

FH : Non, j’ai préféré dissocier la sphère privée de la sphère professionnelle.

FF : Pour vos 3 levées, a quel moment de la vie de l’entreprise les avez vous réalisées ?

FH : Début des démarches 6 mois avant les besoins réels de trésorerie.

FF : Quels investisseurs sollicités ?

FH: Des investisseurs individuels, intéressés à titre personnel par le projet de Génération Plume.

FF : Ce qui a convaincu les investisseurs ?

FH : L’équipe et la vision de l’entreprise.

FF : Comment s’est passé la négo, quels ont été les points durs ?

FH: Ces démarches prennent toujours beaucoup de temps et sont stressantes.

FF : Avez-vous eu plusieurs offres ?

FH : Oui, plusieurs investisseurs individuels.

FF : Pourquoi avoir choisi ces investisseurs ? 

FH: Ceux avec qui on s’est mis d’accord sur les montants à investir, la valorisation de la société et le pacte d’actionnaires. Nous avons évité dans le pacte les clauses de relutions et la clause de garantie de passif qui n’avaient pas de sens pour nous au démarrage de l’entreprise.

FF : Quelles relations aujourd’hui avec les investisseurs ? 

FH: Notre Comité stratégique, composé de 7 actionnaires, se réunit tous les 2 mois depuis 4 ans + un suivi de l’activité communiqué tous les 3 mois à l’ensemble de nos  actionnaires. Relation de confiance établie petit à petit, dans la durée. Se traduit concrètement par des mises en relation et des apports de compétences sur des sujets spécifiques.

 

Aides de l’ecosystème

FF : Avez-vous participé à des concours ou forum ? 

FH: Oui, le  concours de Création d’Entreprise Innovante du Ministère de la Recherche et de la BPI, en Emergence en 2009,  en Création-Développement en 2010, ainsi que PM’up en 2013. Au-delà de l’obtention de subventions pour financer notre développement,  cela  nous  permet de nous entourer d’un réseau précieux.

FF : Avez-vous été accompagné dans vos démarches ?

FH : Oui, par l‘incubateur Agoranov, par Scientipôle Initative , par le réseau Entreprendre Paris et par notre conseiller  BPI.

FF : Quels ont été leur apport majeur ?

FH: Prendre du recul par rapport à une situation  au travers de  retours d’expérience, de rencontre  avec d’autres entrepreneurs, de brainstorming , ainsi que la mise en relation avec des partenaires commerciaux et financiers, accompagnement juridique.

 

L’avenir

FF : Quels sont vos projets en matière de financement ?

FH: Une avance remboursable pour faire tester notre innovation dédiée à l’incontinence en structures d’accueil et une nouvelle levée de fonds, cette fois en crowdfunding sur wiseed.

FF : Ou en est le développement de votre entreprise ?

FH: Notre entreprise continue son développement sur le marché des bébés  et s’étend en  développant  des produits spécifiquement dédiés aux personnes handicapées et aux personnes incontinentes.

 

Conclusions

FF : Quelle a été la part de votre temps consacré à la recherche de financement ?

FH : Ce n’est pas une charge de travail au quotidien mais plutôt de manière ponctuelle, en période de recherche de financement ou de participation à un concours. Cela peut prendre jusque 50% du temps pendant ces périodes.

FF : Qu’avez-vous bien réussi ?

FH: Optimiser les sources de financement entre fonds propres et aides publiques.

FF : Quelles sont les qualités pour réussir son parcours de financement ?

FH: Avoir une vision claire des outils de financement  adaptés aux différentes étapes de développement de son entreprise.

FF : Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur pour son parcours de financement ?

FH: S’entourer, aller à la rencontre d’autres entrepreneurs pour avoir leur retour d’expérience sur les bonnes pratiques et assister  à des séances d’information.